Le dessin, un Art sans limite
Quand le dessin s'affirme pour et par ses propres caractéristiques plastiques (Avril - Juin 2018)
Nous abordons le dessin avec entre autres deux expositions. Lézard curieux présente trois artistes, Sophie Lecomte, Liska Llorca et Gatien Mabounga, ainsi qu'un ensemble de photographies autour du dessin chez Jérôme Zonder en Salle des Temps modernes.
Le dessin à la page ?
Longtemps consideré comme un art préparatoire, le dessin permettait de mettre en forme les idées de l'artiste. Au 17ème siècle, dessin et dessein se confondaient. Aujourd'hui, bien des choses ont changé. Le dessin se déploie bien au delà de la page, la ligne se joue de la couleur, quitte le support traditionnel de la feuille, s'affiche fièrement pour ses qualités propres.
Jérome Zonder et le dessin enveloppant
En 2001, au sortir des Beaux Arts de Paris, Jérôme Zonder s'est fixé une suite de règles : ne pratiquer que le dessin, ne travailler qu'au fusain et à la mine de plomb, s'interdire la gomme et la reprise et ne pas se limiter aux dimensions habituelles de la feuille de papier. Interrogeant la question de la mémoire, de la violence historique et de notre responsabilité, ses œuvres, souvent de grand format, conjuguent une virtuosité impressionnante et une admirable justesse du propos. Au gré d'une centaine d’œuvres, majoritairement élaborées pour l'exposition de Chambord, Jérôme Zonder investira le corps du château, autour de la colonne vertébrale de l'escalier double, selon une visée à la fois anthropologique et mémorielle qui convoquera une galerie de portraits, des foules de mains levées, des corps enchevêtrés et une forêt symbolique traversant les murs de l'histoire.
Une expo collective, trois regards sur le dessin dans l'espace
Sophie Lecomte : Entre douceur et cruauté, Sophie Lecomte élabore une poétique de l’hybridation. Sensible à la présence des matériaux naturels, elle glane de petits trésors, lichen, cailloux, épines, mues de serpents, insectes…qui, métamorphosés deviennent ainsi les traces et les réminiscences de nos êtres passés, fantasmés. Ses œuvres manifestent les liens, qui nous unissent aux trois règnes animal, végétal, minéral dont la mémoire, si on veut bien s’y attarder, bat encore. Ces assemblages étranges font écho à la logique fascinante des cabinets de curiosités y tissant le même désir ingénu d’entrevoir le secret des créations de la Nature. Nécessairement fragmentaire, l’œuvre pousse en réseaux, se ramifie et se nourrit des gestes répétés d’une Pénélope-Arachnée.
Liska Llorca : L'artiste opère partout, sur tous les formats. En plein milieu de la nature, sur une échelle gigantesque, elle fauche la végétation, pour dessiner des formes géantes à voir de loin. Chez elle, le petit croquis rapide est une nécessité journalière. Nous la retrouvons lors de compétitions ou de spectacles équestres, dans des performances artistiques associant l'animal, le cavalier et l'artiste. Quand elle croise des voitures à la propreté douteuse, elle dessine les chevaux qui sortent du capot en grattant les dépots de saletés. A travers son art foisonnant, Liska Llorca libère l'énergie de la couleur et la précision de l'acte graphique.
Gatien Mabounga : Pas de page blanche pour Gatien Mabounga ! Ce dernier utilise des supports de récupération, affiches, papiers peints, toiles à sacs de pommes de terre, draps, etc. Et comme il le dit, "il faut que le dessin rentre ! ". La figuration est toujours débordante, les corps repoussent littéralement le format imposé du support, dans des contorsions très expressives. Bien que le format soit connu dès le départ, au fur et à mesure que le dessin progresse, la question de l'espace choisi/subi devient criante. Avec Gatien Mabounga, le dessin est border-line. Alors, les motifs déjà imprimés, les plis, les fils, tout devient partie du graphisme.
La Nouvelle République couvre le vernissage
Et il y avait du beau monde ! Des lycéens et lycéennes curieux qui ne pouvaient tous entrer en même temps, des personnalités variées, des parents et des artistes désireux de rencontrer leurs pairs. Le compte rendu est ici.